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Généralités

La torsade de pointe est une tachycardie ventriculaire polymorphe, découverte par un cardiologue français (Dr Dessertenne), caractérisée à l’ECG par une sorte de torsion autour de la ligne iso-électrique des QRS. La réduction spontanée est habituelle mais il existe un risque d’évolution vers une fibrillation ventriculaire.

Elle survient dans un contexte d’allongement du QT (congénital/acquis) et d’une extrasystole ventriculaire précoce.

Physiopathologie

L’allongement de l’intervalle QT peut congénital ou acquis, secondairement au blocage des canaux potassiques repolarisants IKr

L’extrasystole ventriculaire précoce est une EAD (early after depolarization) secondaire à une entrée tardive de calcium dépolarisant entrainant un nouveau potentiel d’action.

La torsade de pointe est secondaire au phénomène R/T, l’extrasystole ventriculaire tombant lors de la phase de repolarisation où la dispersion des périodes réfractaires est la plus importante.

Symptômes

Environ 50% des patients avec torsades de pointe sont asymptomatiques. 

Les symptômes les plus fréquents sont :

- palpitation

- syncope

- sensation de faiblesse

Cependant un arrêt cardiorespiratoire peut survenir dans 10% des cas.

Mesure de l’intervalle QT

Dérivation idéale pour la mesure :

- où le QT est le plus long

- fin de l’onde T la plus visible

- onde T distinct de l’onde U (amplitude onde U < onde T)

- DII idéalement

- à défaut V5-V6

 

Plusieurs mesures (3 à 5), sur cycles réguliers, au repos

 

Début QRS : alignement multi-dérivations avec dérivation la plus précoce

 

Fin du QRS : intersection entre la tangente de l’onde T et la ligne isoélectrique

Causes d'allongement du QT

L’allongement du QT peut être congénital : syndrome du QT long.

 

Il peut également être acquis, c’est-à-dire secondaire à la prise de certains médicaments (liste non exhaustive) :

- Anti-arythmique Ia : Quinidine, Dysopyramide

- Anti-arythmique Ic : Flecainide

- Anti-arythmique III : Amiodarone, Sotalol

- Anesthésiant : Sevoflurane, Propofol

- Antipaludéen : Chloroquine, Halofantrine

- Macrolide : Azithromycine, Clarithromycine, Erythromycine

- Quinolone : Levofloxacine, Moxifloxacine

- Antifongique : Pentamidine, Fluconazole, Ketoconazole

- Antipsychotique : Haloperidol, Pimozide, Thioridazine, Chlorpromazine, Amisulpride

- Antidépresseur : Citalopram, Escitalopram, Amitriptyline

- Antiémétique : Ondansetron, Domperidone

- Autre : Cocaine, Methadone…

Signes ECG de risque de torsade de pointe après introduction d’un médicament à risque

Allongement du QTc > 60ms par rapport au QTc initial

QTc > 500ms

Distorsion majorée des ondes T et U du complexe suivant une pause

Alternance de l’onde T

Apparition d’une extrasystolie ventriculaire

Tachycardie ventriculaire non soutenue après une pause

Facteurs de risque de torsade de pointe

QTc > 500ms

 

Prise de médicaments allongeant le QT : 

- 1 médicament

- administration intraveineuse rapide

 

Cardiopathie :

- insuffisance cardiaque

- cardiopathie ischémique

 

Bradycardie :

- dysfonction sinusale : BSA, pause

- bloc atrio-ventriculaire

- extrasystole et repos compensateur

 

Personne âgée

 

Sexe féminin

 

Trouble ionique :

- hypokaliémie

- hypomagnesémie

- hypocalcémie

 

Diurétique

 

Insuffisance rénale

 

Insuffisance hépato-cellulaire

 

Syndrome du QT long congénital

 

Polymorphisme génétique

Prise en charge des torsades de pointe

Si instabilité hémodynamique, arrêt cardiorespiratoire : cardioversion électrique

 

Sulfate de magnésium : 

- 2g sur 15 min puis 2g sur 1 heure, puis 2g sur 24 heures

- objectif de magnésémie : 2 à 3 mmol/l

- tant que le QTc > 500ms

- hypermagnésémie : > 3 ,5 mmol/l, confusion, dépression respiratoire, coma, arrêt cardiorespiratoire

 

Recharge potassique :

- objectif de kaliémie : 4,5 à 5 mmol/l

 

Accélérer la fréquence cardiaque > 70/mn :

- isuprel (contre-indiqué en cas de QT long congénital)

- sonde d’entrainement électrosystolique

 

Stopper tous les médicaments allongeant le QT